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Sexe, Picole et Rock 'N Roll : Chroniques d'un cadre.

21 novembre 2007

Huggo + Facebook

Après MySpace, "Sexe, Picole et Rock 'N Roll : Chroniques d'un cadre" sont aussi sur Facebook.
Ca sert à quoi ? J'en sais rien ! Alors en attendant de le savoir, rendez-vous là bas.
Recherchez "Huggo" ou "huggo .canalblog.com".
 
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4 novembre 2007

Entre vos mains ?

Une version papier - comprenez "livre de poche" - devrait bientôt voir le jour. (enfin... quand je dis "bientôt", vous voyez ce que je veux dire !).

Si vous êtes intéressés, contactez moi par email ou en commentaire sur le blog (auquel cas, n'oubliez pas de me faire parvenir votre adresse email) afin que je puisse vous prévenir de sa mise en vente.

Un blog nouveau est à l'étude. Plus d'infos à suivre.

A bientôt.

Huggo.

3 novembre 2007

THE END

...

Merci à tous.

Merci de m'avoir suivi dans ce qui fut certainement le premier blog-roman-réalité, écrit grâce à vos messages de soutien et d'encouragement mais surtout à vos commentaires qui m'ont permis d'orienter mes textes selon vos attentes. Vous avez donc participer à l'écriture de "Sexe, Picole et Rock 'N Roll : Chroniques d'un cadre".

Merci pour vos commentaires donc.

Merci pour votre patience.

Merci à ceux qui en parleront autour d'eux.

Merci à ceux qui acheteront la version papier bientôt disponible.

Merci à tous.

Dans l'attente de vos commentaires sur ces Chroniques ...

3 novembre 2007

Effets boule de neige

Samedi. 17h56. Trois messages vocaux. L'un d'eux attire mon attention. Je le sélectionne aussitôt et entend la voix de J.J. Il me demande comment je vais. Me dit qu'il y a un soleil magnifique sur la baie de San Francisco d'où il me téléphone. Me donne succinctement quelques nouvelles de Pen qu'il a croisé la veille. Il précise qu'elle va bien mais ne semble toujours pas s'être remise de notre relation, même si elle s'est refusée de lui avouer.
J.J. a toujours tendance a en rajouter quand il s'agit de me caresser dans le sens du poil. Surtout les jours où il a quelque chose d'important à me demander. Pénélope se serait donc réfugiée dans le travail pour oublier. Preuve selon lui de son malaise puisqu'elle avait donné une conférence de presse pour annoncer qu'elle jouerai moins. "Alors pourquoi continue-t-elle de jouer pour Almodovar !" affirme-t-il convaincu de sa théorie.

Le sujet Pen clôt, il ne manque pas de me rappeller qu'il attend toujours la caisse de Bordeaux que je lui avais promise avant, enfin, de me demander de le rappeler de toute urgence.

18h03.
- The problem is that the last episodes didn't perform at all.
La voie de J.J. est tremblotante. Lui qui est habituellement très zen, il parait subitement dépassé par les évènements, profondémment inquiet.
- I've received the audience this morning, poursuit-il. It sucks dude. I'm serious. It's worst than last week. I've talked with the Head of Programming of ABC...
C'est la chaîne américaine qui diffuse la série.
- ...They're not happy at all. They consider that the story does not progress enough. We absolutly need to rewrite the next ones urgently.
- Wow, wow ! Wait a minute ! Last summer they asked us to change the story to get three extra seasons. What did they expect ? We could not progress as fast as before. We had to keep keys and... secrets to respect the rythm all seasons long. If we reveale now all the misteries, what will we show them in the next seasons ?
- I know this Huggo. I Know ! But that's the way it goes, we have no choice. We're doing business man ! If they want changes, we have to do what they want.

Ce n'est pas du tout son genre de s'emporter. J.J. est plutôt un boss cool. Pas le genre à se la raconter. Ni à te prendre la tête pour n'importe quoi. Pas du genre non plus à faire partager son stress avec son staff. Je comprends que c'est sérieux et que je n'ai pas intérêt à le faire chier.
- We have to rewrite the next episodes, confirme-t-il. And as you know, I'm already working on the script. For the movie. Do you remember ?
- Yes I do.
- So I'm too busy to handle it. And I have staff problems. Paul is sick for almost two weeks and Terrence is working on another project. I just can't do all this shit by myself. The others can't work on it. You're the only one I trust in for this, man. I really need you Huggo.
- Ok J.J. I understand. Send me the last versions of the next episodes by email. I'll book a flight and be in L.A. by monday. But first I need to check with the band if we can delay our meeting.
- When were you supposed to meet them ?
- On Tuesday.
- Where ?
- Manhattan.
- Don't worry. I'll let them know that you won't be able to be there. I'll explain our problem to their producer and to Mick. They will understand. Don't worry Huggo.

Je peux lui faire confiance. C'est J.J. qui m'a fait rencontré ce producteur et qui m'a permis de bosser avec ce groupe de rock. J.J. est bien plus que mon employeur. C'est un mentor. Je lui doit tout. Il m'a aidé à remonter la pente quand Maeva est partie. Et m'a tendu la main pour reprendre pied en m'offrant un job en or. Depuis que je bosse pour lui, la vie parait un peu suréaliste mais exceptionnelle. Il a su exploité mes compétences en "écriture" - enfin plutôt ma capacité à écrire vite - et a fait de moi le Frenchie qui a réalisé son rêve américain. Son rêve tout court d'ailleurs. Je bosse pour la télé américaine, Hollywood et l'industrie musicale en composant des merdes pour des gens qui accordent tout aux sons et pas grand chose aux paroles. Mais au pays du business-roi, on ne se prend pas la tête avec la création artistique. On se préoccupe de la rentabilité. Uniquement de la rentabilité. Si un single doit sortir tel jour, on se dépêche d'écrire un tube qu'on pose sur un son prêt depuis des semaines à rapporter gros. Une armée marketing suréquipée de chars d'assauts, d'avions de combats, de porte-avions et de sous-marins étudient jour et nuit le marché pour déclencher la création d'un tube.

Qu'importe. Je compense la frustation de ces textes baclés au nom du billet vert par la liberté de pouvoir inventer des scénarios pour la télé et bientôt pour le cinéma avec J.J. et le reste du team de sa boite, et celle de raconter, à travers un blog (devenu un livre puis rapidement un... flop)  cet incroyable parcours réalisé depuis - et d'une certaine façon "grâce à" - la signature du deal avec Guy.

2 novembre 2007

Starlette de pacotille.

Samedi. 11h. Je profite de l'instant - Zoé est repartie se coucher - pour respecter ma part du deal amical que j'ai passé avec l'un des paparazzi faisant le guêt au pied de l'immeuble. A la sortie de la douche, une serviette éponge autour de la taille, le torse encore perlé d'eau, je sors boire mon verre de jus de fruits sur le balcon. Les numériques fusillent leur cible avec plus de précisions qu'une kalachnikov. Plans larges. Portraits. Tout y passe dans l'espoir d'en sortir une qui offrira à son auteur ses prochaines vacances en Corse. Je joue le jeu et prend différentes poses, profitant non sans une certaine fierté de mes nouveaux abdominaux à 1200 euros mensuels - coach personnel, un métier d'avenir - et de mon bronzage californien encore tout frais. J'enchaine les figures de styles puis... MERDE ! Ma serviette fout le camp ! Je la rattrape par l'extrémité. Trop tard. La bite à l'air, d'où tombent quelques gouttes de jus d'orange que je viens de me renverser dessus, j'entends une nouvelle série de flash !

Un petit signe du pouce pour me remercier et me signifier qu'il a ce qui souhaite (je n'en doute pas une seconde, enfoiré !) et je rentre m'habiller. Ce bon compromis m'évite de vivre constamment avec le sentiment malsain d'être tracké et pis encore, de voir des photos volées très personnelles en couverture des tabloïds. La rançon de la gloire pour  soit-disant un des rares frenchies à avoir réussi dans le cercle très fermé du showbusiness américain et surtout soupçonné d'avoir été un temps l'amant d'une actrice hollywoodienne.
A l'arrivée de Zoé, la rumeur a pris une toute autre tournure. Les tabloïds ont affirmé qu'elle était la fille née de ma relation avec Pen. L'espoir de prendre une photo de nous trois les tient en haleine. Certains paparazzi sont encore persuadés que Penelope va venir voir sa fille et qu'ils pourront alors prouver la rumeur de notre idylle.

Finalement, je me retrouve un peu dans la peau de Céline Balitran...

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2 novembre 2007

Et si...

Samedi. 9h21. Chaque jour qui passe, je guette sur Zoé l'apparition de signes de ressemblance avec moi. Mais toujours rien. C'est toujours le portrait craché de Maeva. Lorsque le docteur nous a annoncé la date de conception de Zoé, je ne pouvais pas occulter le fait que Maeva avait également couché avec Antoine le matin même. En effet, elle m'a confié avoir couché avec lui juste avant que n'éclate leur violente dispute - dont elle m'avoua plus tard l'objet : à plusieurs reprises, Maeva avait fait un l'absuce en l'appelant "Huggo", notamment ce matin là, juste après leur relation sexuel.
Dès lors, il pourrait tout aussi bien être son père.

Maeva et moi avons abordé le sujet un jour lors de la grossesse. Elle avait compris que cela me travaillait. Cela me stressait vraiment. J'en avais de violentes douleurs dans le ventre et d'interminables insomnies.

"Je le sens ! m'a-t-elle affirmé. Je suis sûre et certaine que tu es le père. Fais moi confiance ! Mais, si vraiment tu penses que cela te soulagera, nous pouvons faire un test de paternité. Il doit bien exister un moyen. Mais moi, je sais. Je sais que le petit bout que j'ai dans mon ventre vient de toi !" J'ai finalement refusé de faire ce test. Je savais que je voulais ce bébé. Que je serais prêt à devenir père. Et peut être que la peur d'apprendre une vérité qui dérange m'y a repoussé. Une telle nouvelle aurait certainement ruiné notre couple. Il en était hors de question. Alors j'ai refusé et travaillé sur moi-même - avec ma psy - pour accepter cette incertitude. Je ne le regrette pas. Parce que de toute façon, j'aime Zoé comme ma propre fille et d'ailleurs je la considère comme telle. Et aussi parce qu'Antoine n'a jamais rien demandé alors qu'il savait pertinnement que l'hypothèse, la probabilité, existait. Il s'en moquait. Certainement était-il soulagé de ne pas en être le père. J'ai compris alors qu'il n'aurait jamais pu rendre Zoé heureuse. J'ai compris qu'elle était ma fille, en dépit d'une incertitude légitime que le temps a balayé comme une poussière.

1 novembre 2007

Papa ?

Samedi. 9h17. Aujourd'hui, Zoé est mon unique raison de vivre. Grâce à elle, j'ai réussi à trouver la force d'avancer. A ne pas sombrer dans une terrible dépression. Elle est ma force d'énergie. Je ne peux plus baisser les bras. Je n'est plus le droit de me laisser aller. Petit à petit, elle a su me redonner goût à la vie. A trouver le courage de me lever chaque matin. D'aller travailler. De faire des courses. De continuer à avoir une vie sociale. De sortir. Bref, de vivre comme se doit de le faire un père.   

Les premiers mois furent impitoyables. La douleur de la disparition de Maeva, la fatigue et le stress qui s'accumulent avec l'arrivée d'un bébé dans sa vie ont rendu mes journées éprouvantes. Je me suis demandé ce que je faisais encore ici et comment j'arriverai à m'en sortir. Je ne voyais pas d'issu. Ma vie ressemblait à un labyrinthe sans fin. Métro, boulot, bébé, do... Non justement : pas de dodo ! Je n'avais plus l'envie. Celle d'aller bosser. Celle de parler aux gens. Celle de rentrer chez moi. Celle de voir mes amis. La seule chose que j'attendais chaque jour était d'aller me coucher pour mieux m'isoler afin de penser à Maeva.

Puis heureusement, Zoé, comme consciente de mon désespoir, s'est éveillée et m'a rendu la vie plus facile. Certes, elle n'a pas cessé de faire d'énormes cacas dans ses couches, ni d'aller se préparer sa bouffe toute seule en plein milieu de la nuit ou de faire le ménage et les courses ! Mais, nous vivions enfin une relation. Elle me regarde. On communique par des signes. Elle s'est mise à me renvoyer énormément d'émotion. Elle devient petit à petit un être humain et plus seulement un "bébé-poupée". Et surtout, elle s'est calmée : Zoé fait maintenant ses nuits, et pleure et crie beaucoup moins. Elle rigole même ! C'est maintenant un enfant calme et facile. Une petite merveille. Tout comme Maeva. 

Tant physiquement que psychologiquement, Zoé est la digne fille de Maeva. Je retrouve tellement sa mère quand je la regarde. C'est impressionnant. Parfois, il m'est même arrivé d'appeler Zoé par le prénom de sa maman. Cette ressemblance jette d'ailleurs encore un peu plus le trouble sur une question qui me hante depuis le début : Est-ce réellement moi le père ou Antoine ?

31 octobre 2007

Trois ans.

Samedi. 9h01. Trois ans. Jour pour jour. Voilà pourquoi je me replonge à nouveau dans tous ces souvenirs aujourd'hui. C'est le troisième anniversaire de Zoé. Et le troisième du décès de Maeva. Morte à l'accouchement de Zoé.

Tout se passait merveilleusement bien. Nous nagions enfin dans le bonheur ensemble. Chacun de notre côté et ensemble. Nous étions en parfaite osmose. Les mêmes envies, au même moment. Nous vivions en harmonie. On sortait, on invitait nos amis, on voyageait, on s'organisait des dîners romantiques en tête à tête, on passait des soirées chacun de notre côté avec nos amis, on aimait chacun notre belle-famille et les amis de l'autre. Le vrai bonheur. La vie rêvée. La vie heureuse. L'amour. Le vrai. Le grand. L'amour fusionnel.

Lorsque Maeva m'a annoncé qu'elle était enceinte, je ne m'y attendais pas du tout ! Comment aurais-je pu m'y préparer : elle me l'a annoncé à peine plus d'un mois après nos retrouvailles. Et le gynéco nous a révelés que nous l'avions conçu le jour de nos retrouvailles. Le jour où je suis venu chez sa grand mère pour la réconforter. La première fois où nous avons couché ensemble ! Mais même si j'étais très surpris, je n'ai pas eu une seule seconde d'hésitation : je me suis jeté dans ses bras. J'étais l'homme le plus heureux du monde. Notre bonheur était total. Même si nous n'avions rien planifié, si ce n'était pas du tout prévu si tôt, tous les deux étions d'accord, nous voulions le garder ! Nous voulions ce bébé. Nous voulions fonder une famille. Nous voulions construire l'avenir ensemble.

Mais le sort nous a rattrapés. Fauchés en plein vol. La chute fut violente. Elle m'a terrassé.

L'accouchement a provoqué la déchirure de plusieurs tissus et organes dans le ventre de Maeva. Du sang s'est propagé et a rempli ses poumons comprimant son coeur avec une puissance et une violence insurmontable. Tout se dont je me souviens avec précisions, ce sont ces mots du chirurgien. " Plusieurs organes avaient subis de nombreux dommages. Les tissus ont résistés jusqu'à l'accouchement mais eux aussi ont été endommagés avant. L'accouchement n'est pas la cause. Il apparaît très clairement que Maeva a été battue ! "
Je suis tombé sur les genoux aussitôt après avoir entendu ce dernier mot. J'ai pleuré plus que durant toute mon enfance. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ! Cette question, ce mot, envahi encore aujourd'hui mon esprit. Pourquoi elle ? Pourquoi ne m'a-t-elle jamais parlé de douleurs au ventre ? Pourquoi m'avoir caché qu'Antoine la battait régulièrement ? Pourquoi en est-elle morte ? Pourquoi elle ? Pourquoi nous avoir gâché notre bonheur ? Pourquoi nous avoir séparés à nouveau ? 

Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de ma fille. Pourtant, comme chaque année, une effroyable nostalgie me déchire les tripes. Un anniversaire est normalement une journée de joie, de bonheur, de doux souvenirs. Mais pour moi, c'est tout autant la mémoire d'un drame qui me ravage perpétuellement. Ce mélange de sentiments est étrange. Si étrange. Si lourd à porter.

30 octobre 2007

Troublante ressemblance.

chambre_ZoeSamedi. 8h40. Comme tous les jours, Zoé s'est glissée discrètement dans notre lit en pleine nuit. Puis, tout aussi discrètement, est revenue terminer la nuit dans sa chambre avant que le réveil ne sonne. Elle n'a que trois ans et pourtant elle a parfois des réactions d'adultes. C'est très curieux.

Lorsque je lui ai demandé pourquoi elle faisait cet aller-retour chaque nuit, elle m'a regardé droit dans les yeux avec le regard posé d'un vieux sage et m'a affirmé "Papa, c'est pour que tu te réveilles avec des draps chauds à côté de toi. Comme ça, ça fait comme si maman n'était pas morte mais simplement partie travailler."

Depuis qu'elle peux marcher seule et malgré lui avoir dit qu'elle n'était pas obligé de le faire, Zoé ne cesse de répéter cette incroyable et touchante attention. Elle n'a jamais vu Maeva de sa vie. Mais il existe un lien fort entre elles. Une sorte de lien subliminal. J'ai parfois l'impression que Maeva lui chuchote des recommandations à l'oreille. Pour qu'elle soit une fille bien élevé. Et pour qu'elle soit gentille et attentionné avec son papa. Souvent Zoé me reprend, me surveille, m'aide, me soutient, me porte une grande attention ou me câline exactement de la même manière que Maeva.

C'en est troublant. D'autant plus perturbant qu'elles se ressemblent énormément. Un vrai sosie de sa mère.

30 octobre 2007

Réminescences

Samedi. 08h20. Je ne me souviens plus de ma dernière grasse matinée. Cela me semble si loin. Moi qui adorait me prélasser au fond de mon lit jusqu'au tôt dans l'après midi. Le temps où je n'avais pas d'autres soucis que de savoir s'il me restait du whisky, où j'allais passer la soirée, qui j'allais baiser, tout ceci me parait très éloigné de ma réalité. Pourquoi en ce samedi matin me reviennent toutes ces réminiscences ?

Péniblement, je pose la main sur le bouton "Snooze" de mon réveil qui hurle à la mort. Pour la deuxième fois. Toutes les cinq minutes, il me rappelle que je suis en retard et qu'il est grand temps que je me lève. Il y a encore quelques semaines, ce foutu réveil pouvait bien sonner autant de fois qu'il voulait. Je ne bougeais pas d'un centimètre avant la sixième sonnerie au minimum. Enfin je crois que c'était la sixième. Mais curieusement, dans mon inconscient, je ne l'entendais sonner toujours qu'une seule fois. Je ne me souvenais jamais des sonneries répétitives et encore moins de l'avoir éteins à plusieurs reprises. En fait, je me suis rendu compte qu'il me fallait au mieux une demi heure de somnolence avant de pouvoir émerger et enfin poser un pied par terre. Quoi qu'il en soit, le  "snoozer" de Sony m'a permis de me réveiller en douceur pendant de nombreuses années. De me réveiller tout court d'ailleurs.

Inutile de le vérifier : bien que les draps soient encore chaud de son côté du lit, je sais qu'elle n'est pas dedans. Mes yeux s'ouvrent enfin. Le contact du sol frais conclut le processus de réveil. Le temps de mettre mon peignoir en éponge blanc volé au Grand Hyatt de Manhattan, j'arrive dans la cuisine où l'odeur du café chaud est une vraie délivrance. Une sorte de récompense pour me féliciter d'avoir réussi à me lever si rapidement. Bien qu'à l'époque j'avais longuement hésité à débourser 90 dollars pour une cafetière programmable - d'autant plus que j'étais en vacances et autant dire que ce n'est pas particulièrement le moment idéal pour un tel achat - je ne l'ai cependant jamais regretté. Particulièrement les week-ends à cette heure-ci. Je plonge un sucre et une cuillère dans mon mug, puis me sert un verre de jus d'orange que je laisse remonter à température ambiante, posé sur le plan de travail, le temps de boire mon café. Un choc thermique à cette heure là et je suis d'une sale humeur toute la journée. Aujourd'hui, j'ai appris à faire attention à chaque détail pour prendre soin de mes nerfs. La moindre contrariété avait de plus en plus d'emprise sur moi. Alors autant éviter au maximum tout ce qui pourrait me foutre hors de moi. J'avais suffisamment d'emmerdes qui me ruinaient mes journées. Inutile de rajouter ce qui pouvait être évité.

Tout en buvant mon café, j'allume mon petit plasma figé à côté du micro-ondes. A cette heure là, un samedi matin, je n'ai jamais rien trouvé d'intéressant. Mais bizarrement cela ne m'empêchait pas de systématiquement zapper. Ce matin comme tous les autres samedis, je conclue ma recherche sur les clips musicaux de MTV, une valeur (a peu près) sure. Mais ce matin, juste après le "Premier Love" de Tony Parker, un reportage attire mon attention. En regardant l'écran, je comprends que ce samedi a décidé de me replonger dans mes souvenirs : la chaîne musicale diffuse un reportage sur Pen. Les images la montre à la sortie de son hôtel new yorkais, le Grand Hyatt. Je ne peux m'empêcher de sourire et de revoir toutes ses images de notre première rencontre se bousculer dans ma tête. La pluie diluvienne, le vieux portier, sa robe blanche, notre dîner dans sa chambre. Trois ans plus tard, j'ai toujours l'impression que c'était hier. Nous avons si souvent eu l'occasion de raconter cette histoire que je n'en ai oublié aucun détail. Lorsque j'ai raconté cette histoire la première fois, Vince m'a pris pour un dingue, me soupçonnant d'être en train de faire une overdose. " Penelope Cruz ? L'actrice ? Arrête de te foutre de ma gueule Huggo !" Rien à faire. Au début et pendant plusieurs semaines, Vince a pris un malin plaisir à raconter cette histoire à chaque fois qu'il le pouvait, ne manquant pas de se payer ma tête. Je suis passé pour le plus grand mythomane de Paris sans aucun doute, de France sûrement, d'Europe probablement. Au début, je me sentais affreusement ridicule lorsque tous se foutaient de moi. Je les sentais me regarder avec un regard suspicieux. Je les voyais se dire " Mais pourquoi invente-il une histoire pareille ? Est-il devenu fou ?". Un temps, je n'osais plus les voir. Fabienne était même venue chez moi un soir pour me poser tout un tas de questions sur ma santé, sur ma consommation d'alcool et de coke, sur mon rythme de vie, sur mes fréquentations, sur mon travail et ma famille, sur mes visites chez mon psy. Tous les sujets y sont passés. Elle cherchait à comprendre pourquoi j'avais dit une si grosse énormité. Puis, avec le temps, je me suis habitué à toutes ces remarques qui de toutes façon se sont atténuées. J'ai rapidement compris qu'il ne me servirait à rien de raconter mon histoire avec Pen. Je savais que pendant quelques temps, nous ne pourrions pas nous montrer tous les deux. Jusqu'à ce que...

Ça y est. Je l'entends. C'est l'heure. J'éteins la télé, pose mon mug dans l'évier, me lave les mains, traverse le salon, salue à travers la fenêtre les photographes qui font le guêt au pied de l'immeuble et pousse la porte de sa chambre. Elle est réveillée. Une de ses petites mains lui frotte les yeux, l'autre l'étire. Doucement, je m'approche du lit. Elle ne m'a pas entendue entrer. Même au réveil, elle est si belle. Si douce. Elle a ce je-ne-sais-quoi qui me foudroie à chaque fois que je pose mon regard sur elle. La nature l'a gâté. Le ciel m'a béni. Comme chaque matin, en tournant la tête vers moi, ma petite Zoé m'offre un magnifique sourire, qui, du haut de ses trois mois, m'illumine le coeur. Don McLean. Wonderful Baby.

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