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Sexe, Picole et Rock 'N Roll : Chroniques d'un cadre.
3 novembre 2007

Effets boule de neige

Samedi. 17h56. Trois messages vocaux. L'un d'eux attire mon attention. Je le sélectionne aussitôt et entend la voix de J.J. Il me demande comment je vais. Me dit qu'il y a un soleil magnifique sur la baie de San Francisco d'où il me téléphone. Me donne succinctement quelques nouvelles de Pen qu'il a croisé la veille. Il précise qu'elle va bien mais ne semble toujours pas s'être remise de notre relation, même si elle s'est refusée de lui avouer.
J.J. a toujours tendance a en rajouter quand il s'agit de me caresser dans le sens du poil. Surtout les jours où il a quelque chose d'important à me demander. Pénélope se serait donc réfugiée dans le travail pour oublier. Preuve selon lui de son malaise puisqu'elle avait donné une conférence de presse pour annoncer qu'elle jouerai moins. "Alors pourquoi continue-t-elle de jouer pour Almodovar !" affirme-t-il convaincu de sa théorie.

Le sujet Pen clôt, il ne manque pas de me rappeller qu'il attend toujours la caisse de Bordeaux que je lui avais promise avant, enfin, de me demander de le rappeler de toute urgence.

18h03.
- The problem is that the last episodes didn't perform at all.
La voie de J.J. est tremblotante. Lui qui est habituellement très zen, il parait subitement dépassé par les évènements, profondémment inquiet.
- I've received the audience this morning, poursuit-il. It sucks dude. I'm serious. It's worst than last week. I've talked with the Head of Programming of ABC...
C'est la chaîne américaine qui diffuse la série.
- ...They're not happy at all. They consider that the story does not progress enough. We absolutly need to rewrite the next ones urgently.
- Wow, wow ! Wait a minute ! Last summer they asked us to change the story to get three extra seasons. What did they expect ? We could not progress as fast as before. We had to keep keys and... secrets to respect the rythm all seasons long. If we reveale now all the misteries, what will we show them in the next seasons ?
- I know this Huggo. I Know ! But that's the way it goes, we have no choice. We're doing business man ! If they want changes, we have to do what they want.

Ce n'est pas du tout son genre de s'emporter. J.J. est plutôt un boss cool. Pas le genre à se la raconter. Ni à te prendre la tête pour n'importe quoi. Pas du genre non plus à faire partager son stress avec son staff. Je comprends que c'est sérieux et que je n'ai pas intérêt à le faire chier.
- We have to rewrite the next episodes, confirme-t-il. And as you know, I'm already working on the script. For the movie. Do you remember ?
- Yes I do.
- So I'm too busy to handle it. And I have staff problems. Paul is sick for almost two weeks and Terrence is working on another project. I just can't do all this shit by myself. The others can't work on it. You're the only one I trust in for this, man. I really need you Huggo.
- Ok J.J. I understand. Send me the last versions of the next episodes by email. I'll book a flight and be in L.A. by monday. But first I need to check with the band if we can delay our meeting.
- When were you supposed to meet them ?
- On Tuesday.
- Where ?
- Manhattan.
- Don't worry. I'll let them know that you won't be able to be there. I'll explain our problem to their producer and to Mick. They will understand. Don't worry Huggo.

Je peux lui faire confiance. C'est J.J. qui m'a fait rencontré ce producteur et qui m'a permis de bosser avec ce groupe de rock. J.J. est bien plus que mon employeur. C'est un mentor. Je lui doit tout. Il m'a aidé à remonter la pente quand Maeva est partie. Et m'a tendu la main pour reprendre pied en m'offrant un job en or. Depuis que je bosse pour lui, la vie parait un peu suréaliste mais exceptionnelle. Il a su exploité mes compétences en "écriture" - enfin plutôt ma capacité à écrire vite - et a fait de moi le Frenchie qui a réalisé son rêve américain. Son rêve tout court d'ailleurs. Je bosse pour la télé américaine, Hollywood et l'industrie musicale en composant des merdes pour des gens qui accordent tout aux sons et pas grand chose aux paroles. Mais au pays du business-roi, on ne se prend pas la tête avec la création artistique. On se préoccupe de la rentabilité. Uniquement de la rentabilité. Si un single doit sortir tel jour, on se dépêche d'écrire un tube qu'on pose sur un son prêt depuis des semaines à rapporter gros. Une armée marketing suréquipée de chars d'assauts, d'avions de combats, de porte-avions et de sous-marins étudient jour et nuit le marché pour déclencher la création d'un tube.

Qu'importe. Je compense la frustation de ces textes baclés au nom du billet vert par la liberté de pouvoir inventer des scénarios pour la télé et bientôt pour le cinéma avec J.J. et le reste du team de sa boite, et celle de raconter, à travers un blog (devenu un livre puis rapidement un... flop)  cet incroyable parcours réalisé depuis - et d'une certaine façon "grâce à" - la signature du deal avec Guy.

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