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Sexe, Picole et Rock 'N Roll : Chroniques d'un cadre.
13 février 2007

Eloise, la rencontre.

Vendredi. 2h30.

- Allo ? C'est Hugo. Je suis en bas de chez toi.
Quelque part au coeur du 16e arrondissement de Paris, à deux pas de la place Victor Hugo, une pièce s'éclaire. Une porte-fenêtre s'entrouvre au milieu de la façade hausmannienne.
- Je t'ouvre, me fait-elle du balcon.

L'immeuble ancien est élégant et l'entrée de bonne facture. Un immense miroir orne le mur gauche du hall. Du marbre partout ailleurs. Au milieu d'un champ de colonnes de marbre beige, un tapis rouge et or me guide jusqu'aux escaliers qui tournent autour d'un ascenseur. 5e étage.
Les photos n'ont pas menti. Eloise, qui m'accueille poliment à la sortie de l'ascenseur, est tout aussi charmante en vraie. Un top noir satiné, légèrement transparant, laissant à peine deviner son soutien-gorge en dentelle noir, lui cintre la taille et la poitrine. Un sautoir doré Chanel entoure dignement son cou et tombe jusqu'au nombril. Quelques bracelets Hermes en or s'entrechoquent le long de ses poignets. Au dessus de bottes en velours noir à talons aiguilles, ses fines cuisses sont moulées dans une mini jupe noire très chic. Enfin, un long gilé en cashemir noir agrémente l'ensemble avec élégance.

- Je ne t'attendais plus. Mes amis sont partis depuis une bonne heure et je me suis assoupie dans mon lit juste après leur départ, ment-elle, les yeux pétillants.
- Je suis désolé. Je peux te laisser dormir. Tu préfères que je repasse une autre fois ?
- Non, non. C'est vendredi, je n'ai pas école demain, plaisante-elle en entrant dans l'appartement. Je suis une grande fille tu sais !
- Hum... qui vit encore chez ses parents ?!
L'appartement est gigantesque. Un palace. En plein 16e arrondissement, il doit valoir une fortune. Eloise est visiblement issue d'une famille bourgeoise. Ce qui, à la réflexion, ne m'étonne pas tellement. Elle a cet air précieux des filles de familles bourgeoises qu'on peut deviner au premier regard. Ces familles dont les mères les couvent jusqu'à ce qu'elles se marient. Ces familles où l'on se vouvoie. Où l'on fait la prière avant même de se dire bonjour. Où l'on dit le bénédicité. Ces familles qui chassent le dimanche avec les camarades des confréries tels que le Rotary ou le Lion's Club. La mère avec la veste en velours rouge et le pantalon écossais. Le père avec la veste Barbour vert bouteille et le pantalon beige. J'arrive très bien à imaginer Eloise, petite fille, portant une jupe plissée écossaise assortie à son sert-tête vert et rouge, ses chaussettes blanches coincées sous les genoux et ses souliers vernis. Qu'importe. Aujourd'hui, Eloise a bien grandi et si elle semble avoir conservé quelques manies, elle est maintenant tout à fait désirable.
DCOO231La hauteur sous plafond - voûté - est vertigineuse. Le sol de l'entrée est inondé d'un marbre rose un peu vieillot mais sans conteste très noble. Sur le mur de gauche, il y a un tableau de plus de deux mètres sur trois digne du Louvre. Au milieu de plusieurs chaises et de meubles d'époque, un buste en marbre d'un notable du XVII e siècle surveille les arrivées et sorties. J'avoue avoir ressentie une certaine peur en pénétrant dans cette demeure. Comme si j'étais suspendue dans le vide. Le vertige m'a saisi.
- Tu comptes passer la soirée dans l'entrée, me demande Eloise déjà passée dans une pièce voisine.

J'ai immédiatement pensé à mes grands-parents en entrant dans le salon. Moquette aux motifs sophistiqués, grands tableaux de maîtres intemporellement reconnus, sculptures des profils de ses ancêtres, chaises et fauteuils peints à la feuille d'or, canapés recouverts de tissus nobles représentant des fleurs, vases en cristal, meubles Louis XV, bureau doré tout droit sorti du château de Versailles, services à thé en porcelaine de Chine de l'an 1000 avant JC, lampes et rideaux volés à l'Elysée et j'en passe tellement cette pièce regorge de détails et d'objets précieux en tout genre. Je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer mes grands-parents déambuler dans cette pièce. DCOO232Je suis persuadé que tous deux auraient été enchantés de vivre dans une telle demeure. Je pouvais deviner le sourire de mon grand père tout heureux d'avoir le privilège de s'asseoir sur un canapé si beau. Il aurait méticuleusement analysé la confection de celui-ci, de la sculpture du bois au tissage du tissu, comme l'aurait fait tout grand fanatique de l'artisanat, du travail réalisé à la main et à la sueur. Ma grand mère, de son côté, se réjouirait sur le drapé des rideaux puis sautillerait jusqu'au service à thé qu'elle aurait un malin plaisir à dépoussier - bien qu'il l'ait sûrement été ce matin même - et le placerait à sa convenance pour qu'il soit mis plus en valeur. Où que je tourne mon regard, je vois à présent mes grands-parents.
- Mes parents sont partis en week-end à Deauville. Ne t'inquiète pas.
- Je ne suis pas inquiet.
- Je ne vis pas ici, ne manque-t-elle pas de préciser. Je devais récupérer des affaires alors j'en ai profité pour organiser une soirée avec une douzaine amis d'enfance. Comme à la bonne vieille époque étudiante, souffle-t-elle.
- Tu en es si nostalgique ?
- Moins de stress, moins de contraintes. Qui ne la regrette pas ?
Je suis tenté de lui avouer que, moi, je ne la regrette pas spécialement. C'était une excellente période de ma vie. Mais l'actuel, caractérisée par mon indépendance financière, ne me déplaît pas du tout. Mais je doute qu'elle comprenne de quoi je parle.
- Je pensais rencontrer tes amis.
- Ils sont partis tôt. Nous avons une soirée en banlieue demain soir. Ils voulaient être en forme je pense.
La pièce m'a paru curieusement propre pour avoir accueillie, il y a seulement une petite heure, une douzaine de personnes venues faire la fête.
- Et toi ?
- Je t'attendais, me glisse-t-elle amusée. Assieds toi sur le canapé. Je t'offre un verre ?
- Volontiers.
Je crois que c'est la première fois que j'emploie un tel mot en dehors du travail.
Alors que j'attendais qu'elle m'énumère les bouteilles du bar de papa, elle quitte la pièce subitement. Et aussi vite, elle revient avec un plateau en argent, sur lequel trône une bouteille de Dom Pérignon frappée, deux flûtes en cristal et une coupe remplie de fraises. A part Superman et Flash Gordon, personne n'aurait pu préparer ce plateau si vite. A moins, bien sur, de l'avoir fait à l'avance.
- Alors voici le célèbre Huggo !
- "Célèbre Huggo" ? N'exagérons rien.
- C'est marrant de te voir enfin.
- Déçue ?
- Non, non. Pas du tout. En fait, je ne t'imaginais pas du tout comme ça.
- Je dois être content ou effrayé ?
- Ni l'un ni l'autre.
Merde !
- Comment t'expliquer. Au début, je me disais "Encore un boutonneux féru d'informatique qui raconte sa vie sur internet".
- Sympa, lui dis-je mal à l'aise.
- Non, non. Attends, laisse moi finir. Ca c'était au début ! Après en lisant, je me suis prise au jeu et j'ai aimé. Et puis ma vision a évolué et je t'ai imaginé différemment.
- C'est à dire ?
- Je sais pas. Un type un peu trop sur de lui. Gueule de mannequin, à l'air orgueilleux. Pas très sociable. Très élégant. Bon pour ça, je ne me suis pas trompé, reprend-elle en regardant ma chemise noire Prada.
- Merci.
- Heu... je disais ça pour l'élégance pas pour la gueule de mannequin ! rigole-t-elle.
- Inutile de préciser !
- C'est un plaisir, assure-t-elle en me fixant droit dans les yeux. Enfin voilà quoi. Voilà comment je t'imaginais. Mais... malgré tout, il y avait quelque chose chez toi qui m'attirait. Je ne saurais dire quoi. C'est bizarre.
- C'est à dire ?
- Il y a des choses qui ne s'expliquent pas.
Elle marque une pause, vide la moitié de sa flûte d'une seule gorgée et nous ressert un verre chacun.
- C'est marrant, reprend-elle.
- Quoi ?
- J'avais plein de questions à te poser. Mais maintenant, je ne m'en souviens plus d'aucune !
- Une chance ! lui dis-je en souriant.
- Ah si ! J'en ai deux. C'est vrai cette histoire avec Penelope Cruz ?
Il est tard. Elle est presque bourrée. Je suis fatigué. Inutile de m'évertuer pendant des heures à la convaincre. Et comme avec tous les autres, je sais très bien comment cela finira. Je vais passer pour un abruti et un menteur. Ou pire : pour un dingue qui rêve éveillé.
- Non, c'est la partie fiction de l'histoire.
- Bravo. J'ai failli y croire. A cause de certaines photos, des détails dans les descriptions. Mais quand même. C'était trop énorme. C'était tellement évident que c'était de la fiction !
Oui, c'est ça. C'est tellement évident que tu me poses quand même la question ! J'aimerai voir ta gueule lorsqu'on fera la couverture de Voici !
- Et... Je suis la première de tes lectrices que tu rencontres ?
- Tu es la toute première. En fait, tu as aujourd'hui la seule à savoir que je suis l'auteur de ce blog.
- Tes amis aussi, non ?
- Certainement pas ! J'imagine mal la tête de certains s'ils lisaient les trucs que je balance dedans. Encore qu'il n'y a pas non plus de trucs salauds sur eux. Mais bon. J'ai déjà vu le résultat avec l'une d'entre elles et je ne préfère pas renouveler l'expérience.
- Maeva ?
- Oui. Ah ! C'est vrai... J'oublie parfois que tu sais tout de moi !
Elle sourit puis remplie à nouveau nos coupes de champagne.
- Comment l'a-t-elle connu ? Comment a-t-elle réagi ? me questionne-t-elle en allant chercher une autre bouteille de champagne dans la cuisine.
- Je ne sais pas. Je n'ai pas eu le temps de lui poser la question. Elle était super furax. Elle a lu le blog, y a déposé un commentaire très... "sympa" disons.
- Et depuis ?
- Plus vraiment de nouvelles.
- Dommage, elle avait l'air sympa.
- Et toi ? je lui demande pour changer de conversation. Tu es maquée ?
- 200% célibataire. Tu as des copains à me présenter ?
- Oui sûrement. Enfin, ça dépend. C'est quoi ton style de mec ?
- Difficile à dire. C'est le genre... Des mecs dans ton style je dirais, assure-t-elle avec son élégant sourire en coin. Et toi ? s'empresse-t-elle d'ajouter. Tu es avec quelqu'un ?
- Non.
- Peut être qu'on pourrait se voir plus souvent alors, propose-t-elle en s'asseyant près de moi. Enfin, si ça te dit.
- Ca me va tout à fait, lui dis-je en glissant ma main dans ses cheveux (technique hautement ringarde, certes, mais terriblement efficace à ce stade).

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