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Sexe, Picole et Rock 'N Roll : Chroniques d'un cadre.
17 juin 2007

The Oscars - 79th Annual Academy Awards

red_carpetDimanche. 19h15. Les acteurs et actrices se succèdent sur le tapis rouge. Au rythme des acclamations des fans en transe et des flashes de photographes luttant férocement les uns contre les autres pour être au plus proche de leurs sujets. L'instant semble aussi magique qu'irréel. Ce monde, cette agitation, ce décor, ces stars, ces robes, ces costumes, ces bijoux, ces limousines, ces caméras, ce lieu, cette chaleur, ce ciel d'un bleu pur, toute cette folie semble minutieusement orchestrée. Mon esprit est déconnecté de la réalité, une partie présente, une autre totalement absente, comme enfermé dans une bulle flottant au dessus du spectacle. Une partie de moi est ici, au milieu de ce grand barnum. Une autre est devant devant sa télé ou devant un magazine ciné. Les journalistes essaient tant bien que mal d'intercepter les vedettes du jour pour les interviewer en direct. A ma grande surprise, les stars se prêtent volontiers au jeu, prenant de longues minutes pour répondre à chacun. Caméra après caméra, elles voyagent sans s'en rendre compte d'un pays à un autre. De Tokyo à Moscow, de Londres à Sidney, de Buenos Aires à Dakar, leurs images défilent en langue locale sur les téléviseurs du monde entier.

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L'entrée dans le Kodak Theatre prend du temps. Après le passage devant les photographes, puis celui face aux journalistes, les comédiens doivent patienter devant la porte ! J.J. m'a donné un pass "VIP Guest" me conférant quelques privilèges dont celui de pouvoir me balader dans une zone moins restreinte que d'autres ou de pouvoir boire un verre dans la salle réservée aux invités officiels (les acteurs). Placé derrière un cordon délimitation de zones, je suis aux premières loges pour observer l'arrivée sur le tapis rouge et l'attente devant l'entrée. J'aperçois l'intérieur du Kodak Theatre. Le lieu est majestueux. De l'or à profusion. Avec ses balconnets latéraux, ses fauteuils en velours bordeaux, sa scène arrondie et son rideau drapé, il a la curieuse particularité de ressembler à l'un des vieux théâtres parisiens. Mais dans celui-ci, on sent une incroyable grandeur typique des bâtiments américains. Le plafond est en effet incroyablement haut. On doit s'y sentir minuscule. Le magnifique écrin des Oscars ne laissait rien présager de tel tellement sa façade, tout en angles droits, est tristement austère.

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A quelques mètres de moi, Penelope et ses collègues attendent les instructions d'un type en smoking, casque d'opérateur télémarketing vissé sur la tête. Elle est tout simplement merveilleuse ! Je suis content de la voir si belle. Elle a fait le bon choix : sa robe Versace en tulle et organza rose champagne est splendide. Les bijoux prêtés par Chopard mettent en valeur son magnifique visage, (même si personnellement j'aurai ajouté un collier). Ce soir, la DreamGirl, c'est elle! Elle n'a rien à envier aux autres. Bien au contraire. J'imagine que cela doit la soulager. Plus je la regarde et plus je suis fière, plus j'ai envie de la prendre dans mes bras, plus je veux l'embrasser.

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Mais il y a ce foutu cordon en velours bordeaux qui frotte contre mon jambe. Cette ligne de séparation entre son monde et le mien. Entre le rêve et la réalité. Entre la popularité et la discrétion. Entre le désir et la frustration. Entre ce que nous n'aurons jamais ensemble et la seule chose que nous pouvons être. Des anonymes. Cachés. Reclus pour vivre un amour improbable entre deux avions. Combien de temps aurons nous la force de poursuivre notre relation ainsi ? Où cela nous mène-t-il ? A quoi sert notre relation si c'est pour vivre sans la vivre ? A quoi bon être ici si nous ne pouvons pas partager cet instant ensemble. Je sais qu'elle aimerai que je sois là pour la soutenir. Et j'aimerai tellement être prêt d'elle pour que l'on vive ces émotions tous les deux. Mais non. Ce n'est pas possible. Ça ne le sera certainement jamais.
En observant cette semaine sa vie et aujourd'hui cette folie, je sais que je ne serai jamais prêt à affronter toute cette pression quotidiennement. Je sais que je ne pourrais jamais supporter de vivre caché. Je sais maintenant que je ne voudrais jamais dévoiler notre relation. Nous serons donc obligé de nous voir comme ces derniers mois. De temps en temps. Ensemble, mais jamais tous les deux au même moment au même endroit. A quoi bon poursuivre cette relation ? Quelles sont nos chances de briser un jour ce cordon qui nous sépare ? Et lorsque ce jour viendra, serons nous heureux ? Ne le regretterons nous pas ?

Perdu dans mes pensées, c'est sans m'en rendre compte que je sors de ma poche mon iPhone qui est en train de vibrer. Deux longues vibrations me sont nécessaire pour prendre conscience que mon téléphone est dans ma main. "Fabienne". Instinctivement, mon cerveau fait le lien. Maeva. Je suis ici. Au milieu d'une foule en délire et d'acteurs prestigieux. A une cérémonie de rêve. Mais justement, ceci ressemble bien trop à un rêve. Trop lourd à porter au quotidien. Trop difficile à assumer. Alors que dans ma réalité, l'une des seules femmes au monde qui compte pour moi me pleure. Qu'est-ce que je fous ici ? Pourquoi l'ais-je laissée seule dans cet état ?

Soudain, le nuage qui envahissait ma vision du spectacle depuis le début s'estompe peu à peu. Comme si mes pieds touchent à nouveau terre. Comme une évidence, j'adresse un dernier sourire à Penelope avant de lui envoyer un baiser imaginaire. "Muchas Gracias" je lui mime du bout des lèvres. Son visage change d'expression. Comme si elle venait de comprendre l'évidence. "Te quiero" lui dis-je silencieusement.

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Je me retourne et m'éloigne du cordon. Je tente de me frayer un chemin à travers les gens qui se poussent vers l'entrée du théâtre. Je ne peux plus les supporter. Tous ces profiteurs, tous ces fans. Je veux m'extirper à tout prix de cette file d'attente. Je déboule enfin sur la rue. Je cours vers les barrières de sécurité. J'esquive un, puis deux et trois agents. Une hôtesse manque de me heurter. Les gardes me regardent avec insistance. Je fonce vers eux. Je sors mon passeport et mon invitation VIP Guest. Je stoppe tout net mon élan et leur présente ces documents. Coup de bol. Ils n'insistent pas. Je reprends ma course. Je cours aussi vite que je peux entre les badauds. J'essaie d'atteindre une rue adjacente. Je pique à droite. J'accélère. Enfin : un taxi ! Une femme obèse ouvre la portière arrière. Je contourne la voiture et plonge à l'intérieur par l'autre porte.
- Sorry, I'm already in, Miss !
Sans attendre sa réponse, je m'adresse au chauffeur :
- I wanna go to the international airport sir !

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