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Sexe, Picole et Rock 'N Roll : Chroniques d'un cadre.
8 décembre 2006

Réminescences

Samedi. 08h20. Je ne me souviens plus de ma dernière grasse matinée. Cela me semble si loin. Moi qui adorait me prélasser au fond de mon lit jusqu'au tôt dans l'après midi. Le temps où je n'avais pas d'autres soucis que de savoir s'il me restait du whisky, où j'allais passer la soirée, qui j'allais baiser, tout ceci me parait très éloigné de ma réalité. Pourquoi en ce samedi matin me reviennent toutes ces réminiscences ?

Péniblement, je pose la main sur le bouton "Snooze" de mon réveil qui hurle à la mort. Pour la deuxième fois. Toutes les cinq minutes, il me rappelle que je suis en retard et qu'il est grand temps que je me lève. Il y a encore quelques semaines, ce foutu réveil pouvait bien sonner autant de fois qu'il voulait. Je ne bougeais pas d'un centimètre avant la sixième sonnerie au minimum. Enfin je crois que c'était la sixième. Mais curieusement, dans mon inconscient, je ne l'entendais sonner toujours qu'une seule fois. Je ne me souvenais jamais des sonneries répétitives et encore moins de l'avoir éteins à plusieurs reprises. En fait, je me suis rendu compte qu'il me fallait au mieux une demi heure de somnolence avant de pouvoir émerger et enfin poser un pied par terre. Quoi qu'il en soit, Sony, par son "snoozer" m'a permis de me réveiller en douceur pendant de nombreuses années. De me réveiller tout court d'ailleurs.

Inutile de le vérifier : bien que les draps soient encore chaud de son côté du lit, je sais qu'elle n'est pas dedans. Mes yeux s'ouvrent enfin. Le contact du sol frais conclut le processus de réveil. Le temps de mettre mon peignoir en éponge blanc volé au Grand Hyatt de Manhattan, j'arrive dans la cuisine où l'odeur du café chaud est une vraie délivrance. Une sorte de récompense pour me féliciter d'avoir réussi à me lever si rapidement. Bien qu'à l'époque j'avais longuement hésité à débourser 90 dollars pour une cafetière programmable - d'autant plus que j'étais en vacances et autant dire que ce n'est pas particulièrement le moment pour un tel achat - je ne l'ai cependant jamais regretté. Particulièrement les week-ends à cette heure-ci. Je plonge un sucre et une cuillère dans mon mug, puis me sert un verre de jus d'orange que je laisse remonter à température ambiante sur le plan de travail le temps de boire mon café. Un choc thermique à cette heure là et je suis d'une sale humeur toute la journée. Aujourd'hui, j'ai appris à faire attention à chaque détail pour prendre soin de mes nerfs. La moindre contrariété avait de plus en plus d'emprise sur moi. Alors autant éviter au maximum tout ce qui pourrait me foutre hors de moi. J'avais suffisamment d'emmerdes qui me ruinaient mes journées. Inutile de rajouter ce qui pouvait être évité. Tout en buvant mon café, j'allume mon petit plasma figé à côté du micro-ondes. A cette heure là, un samedi matin, je n'ai jamais rien trouvé d'intéressant. Mais bizarrement cela ne m'empêchait pas de systématiquement zapper. Ce matin comme tous les autres samedis, je conclue ma recherche sur les clips musicaux de MTV, une valeur (a peu près) sure. Mais ce matin, juste après le "Premier Love" de Tony Parker, un reportage attire mon attention. En regardant l'écran, je comprends que ce samedi a décidé de me replonger dans mes souvenirs : la chaîne musicale diffuse un reportage sur Pen. Les images la montre à la sortie de son hôtel new yorkais, le Grand Hyatt. Je ne peux m'empêcher de sourire et de revoir toutes ses images de notre première rencontre se bousculer dans ma tête. La pluie diluvienne, le vieux portier, sa robe blanche, notre dîner dans sa chambre. Trois ans plus tard, j'ai toujours l'impression que c'était hier. Nous avons si souvent eu l'occasion de raconter cette histoire que je n'en ai oublié aucun détail. Lorsque j'ai raconté cette histoire la première fois, Vince m'a pris pour un dingue, me soupçonnant d'être en train de faire une overdose. " Penelope Cruz ? L'actrice ? Arrête de te foutre de ma gueule Huggo !" Rien à faire. Au début et pendant plusieurs semaines, Vince a pris un malin plaisir à raconter cette histoire à chaque fois qu'il le pouvait, ne manquant pas de se payer ma tête. Je suis passé pour le plus grand mythomane de Paris sans aucun doute, de France sûrement, d'Europe probablement. Au début, je me sentais affreusement ridicule lorsque tous se foutaient de moi. Je les sentais me regarder avec un regard suspicieux. Je les voyais se dire " Mais pourquoi invente-il une histoire pareille ? Est-il devenu fou ?". Un temps, je n'osais plus les voir. Fabienne était même venue chez moi un soir pour me poser tout un tas de questions sur ma santé, sur ma consommation d'alcool et de coke, sur mon rythme de vie, sur mes fréquentations, sur mon travail et ma famille, sur mes visites chez mon psy. Tous les sujets y sont passés. Elle cherchait à comprendre pourquoi j'avais dit une si grosse énormité. Puis, avec le temps, je me suis habitué à toutes ces remarques qui de toutes façon se sont atténuées. J'ai rapidement compris qu'il ne me servirait à rien de raconter mon histoire avec Pen. Je savais que pendant quelques temps, nous ne pourrions pas nous montrer tous les deux. Elle était encore officiellement avec Matthew Mc Machin chose, lui-même star hollywoodienne. Leur couple fictif représentait une belle opération marketing qui leur permettait à chacun de bénéficier de publicité gratuite. Au début cela m'amusait. Jusqu'au jour où mes copines se pointaient avec Voici ou Gala pour me montrer les sujets sur Pen et me faire passer un message subliminal, mais non moins très clair : "Tu vois mon pauvre vieux que tu ne peux pas sortir avec elle. Elle est avec Matthew! " A force de voir étalés dans la presse des détails pour le moins intimes - bien que totalement faux - de leur "relation" je ne pouvais m'empêcher de ressentir une pointe de jalousie et d'incompréhension. Dans ces moments là, je me sentais finalement heureux de savoir que les autres ne me croyaient pas. Puis Pen m'a présenté à Matthew. Et les craintes se sont dissipées. Mais pas la frustration. Je ne pouvais toujours pas en parler avec mes potes. Je devais toujours mentir pour justifier mes absences. Au début de notre relation, ce fut très difficile à vivre. Nous devions nous cacher lorsque nous voulions nous voir. Dans la rue, dans mon immeuble, au restaurant, à l'aéroport, partout. Chacun de ses mouvements faisait l'objet d'un sujet dans un tabloïd, quelque part dans le monde. Jusqu'à ce que...

Ça y est. Je l'entends. C'est l'heure. J'éteins la télé, pose mon mug dans l'évier, me lave les mains, traverse le salon, salue à travers la fenêtre les photographes qui font le guêt au pied de l'immeuble et pousse la porte de sa chambre. Elle est réveillée. Une de ses petites mains lui frotte les yeux, l'autre l'étire. Doucement, je m'approche du lit. Elle ne m'a pas entendue entrer. Même au réveil, elle est si belle. Si douce. Elle a ce je-ne-sais-quoi qui me foudroie à chaque fois que je pose mon regard sur elle. La nature l'a gâté. Le ciel m'a béni. Comme chaque matin, en tournant la tête vers moi, ma petite Zoé m'offre un magnifique sourire, qui, du haut de ses trois mois, m'illumine le coeur. Don McLean. Wonderful Baby.

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$$$ - FIN SAISON 1 - $$$ .

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