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Sexe, Picole et Rock 'N Roll : Chroniques d'un cadre.
8 décembre 2006

Psychose

Mardi. 22h. En sortant de la VIP Room, l'hôtesse m'adresse un sourire complice. Evidemment, je lui renvois poliment son sourire. "Elle sait tout" me dis-je. Je suis sur qu'elle nous a vus, ou même entendus. Je suis sûr qu'elle va aller balancer son info croustillante à un tabloïd. Subitement, j'ai envie de la gifler. Alors que nous la suivons vers l'accueil du spa, l'hôtesse nous demande si tout s'est déroulé comme nous le souhaitions. Son sourire semble gravé à jamais sur son visage. "Tu veux ma photo?" me suis-je retenu de lui dire. Elle me provoque, c'est sur. Les deux heures de jacuzzi et de massages m'avaient complètement détendu et voilà que cette gamine vient de me stresser en quelques secondes.
- Don't worry, me murmure Penelope qui a remarqué mon inquiétude.
PenParisEn remerciant la gamine, Pen lui glisse un gros billet violet de 500 euros dans la main. En traversant le hall, puis les couloirs jusqu'à sa chambre, je ne peux m'empêcher de regarder tout autour de nous. De vérifier bêtement si personne ne nous observe. Si nous sommes suivis. Bien sur, personne n'a levé le moindre regard sur nous. Bien sur, personne nous suit. Qui pouvait être surpris de croiser Penelope Cruz dans un palace ? A part moi, personne évidemment. La clientèle fortunée de ce genre d'établissement est habituée à rencontrer des stars. D'autant plus que Pen séjourne régulièrement au Georges V. En fait, je me rends compte que je flippe à cause de l'attitude de la gamine. En fait, j'ai maintenant le sentiment que tout le monde sait. En fait, j'ai l'impression de culpabiliser. Mais de quoi ? Je fais ce que je veux ! Et puis c'est Penelope Cruz bordel ! Comment puis-je culpabiliser d'avoir embrassé Penelope Cruz ?! Voyant que je suis perdu dans mes pensées ridicules, Pen, vêtue d'un épais peignoir en coton blanc, se retourne vers moi après avoir posé l'une de ses serviettes éponge sur le lit et me dit :
- Hugo !
Son délicieux accent ne lui permet pas de prononcer le U qu'elle transforme alors en OU ce qui lui confère un charme encore plus irrésistible.
- Ne t'inquiète pas. Les palaces sont des endroits discrets. Les clients sont très fortunés et paient chers pour un service de très haute qualité. Il faut avoir confiance. Et rien ne dit qu'elle sait quoi que ce soit. Au pire, ce n'est pas dans leur intérêt de divulguer le moindre détail de l'intimité d'un client. Ils pourraient perdre tous leurs clients si cela se produisait. Je me souviens que c'est d'ailleurs arrivé une fois à Los Angeles, il y a quelques années.
- A super, je suis rassuré.
- Don't worry. C'est pour ça que je lui ai offert... hum... how do you say "uge tip" ?
- Un gros pourboire. En effet, 500 euros, ca fait pas mal pour lui acheter son silence. Celui là même pour lequel elle est employée, si j'en crois ce que tu me dis.
Instantanément, je regrette d'avoir dit cela sur ce ton accusateur. Après tout, ce n'est pas mon argent. En quoi cela me regarde ?
- Si, estoy de acuerdo. Pero... Esta chica, tu sais, n'est pas beaucoup payée et moi, cela ne me ruine pas. J'ai de l'argent alors si cela peut aider quelqu'un qui me rend service, je ne vais pas me gêner. Et cela me permet d'éviter un scandale qui va durer pendant des mois, faire le tour de la presse people internationale, me démoraliser, me détruire même - le ton de sa voix monte subitement - et me faire perdre des opportunités de travail. Sans parler que cela poserait beaucoup de problèmes entre nous tu sais. Et puis à Matthew aussi. Et je ne veux absolument pas que cela lui porte préjudice. No way !
J'ai honte d'avoir abordé ce sujet.
- Si, comprendo. Lo Siento, je l'implore dans sa langue maternelle pour lui montrer mon regret. Je suis désolé, je n'avais pas vu cela comme ça. C'est toi qui a raison.
- Bravo señor ! Tu as provoqué notre première dispute, plaisante-elle en faisant montre, d'un mouvement de colère sur-joué, de jeter par terre la deuxième serviette de bain qu'elle avait autour de la tête.
Rouge de honte, je me baisse pour ramasser la serviette encore humide. La tenant par les deux extrémités, je l'enroule sur elle-même d'un mouvement circulaire, la dépose autour de son cou, et la tire vers moi pour embrasser Penelope. Alors que son corps bascule lentement vers le mien, elle bande les muscles de son cou pour ralentir l'impulsion, qu'elle accompagne d'un petit sourire coquin. Amusé, j'accentue la pression sur la serviette pour la faire capituler. Aussitôt, elle succombe sans résister, un grand sourire aux lèvres et les yeux pétillants. Alors que je me rapproche pour poser mes lèvres sur les siennes, elle rugie et fait mine de vouloir me mordre avant de finalement m'embrasser fougueusement. Ses lèvres sont douces et pulpeuses ; sa langue, fine et méticuleuse. Je suis totalement hypnotisé par ce baiser. Il me faut deux longues minutes pour sentir sa main me caresser le dos, sous mon peignoir entrouvert. Tandis que je dépose délicatement ma main droite sur sa joue avant de la laisser glisser sur sa nuque, ma main gauche défait le noeud de sa ceinture. Je marque une pose. Je la regarde. Et je l'embrasse dans le creux de son épaule. Sous les doigts de ma main gauche, posés sur son bras nu, elle frissonne.
- Huggo ! ... Huggo ?
Elle s'écarte légèrement.
- Si ?
- No creo que ... Sabes ? ... No quiero...
- Moi non plus je ne veux pas Pen. Je suis bien trop impress...
Mince ! J'ai oublié mon mensonge. Elle doit encore croire que je ne sais pas qu'elle est une star de cinéma ! Mince ! Mince ! Mince ! Je suis sûr qu'elle vient de le comprendre. Gêné, stressé, je m'empresse de rattraper le coup.
- Oui... hum... Finalement, on ne se connait à peine. Tout ca me prait un peu précipité. Je suis désolé, tu vas me trouver ridicule mais je...
- No ! coupe-t-elle avec un large sourire qui exprime un soulagement à peine dissimulé. Pas du tout. Honestly, moi non plus, je pense que c'est un peu rapide.
- Oui, allons manger quelque part, passons la soirée ensemble. Prenons le temps. Nous venons de nous détendre au spa, ce n'est pas pour nous stresser maintenant avec ça.
Il faut bien que je me rattrape. Bien sur que si elle n'avait pas refusé, je ne pouvais décemment pas la repousser. Ce mensonge un peu grotesque ne me rend pas très fier. D'autant que ma légère érection ne me rend pas plus crédible. Et ce peignoir n'y change rien, j'ai senti ses hanches contre mon sexe. Elle a surement discerné que je ne suis pas insensible à son charme. Le mensonge était inéluctable. Je ne voulais pas la mettre mal à l'aise en lui donnant le sentiment qu'il n'y a qu'elle qui n'en a pas envie. Et puis je me suis embourbé tout seul dans cette histoire ridicule en faisant semblant de ne pas la connaitre. Mais je ne le regrette pas totalement car au fond de moi, je sais que cela m'avait peut être permis de l'aborder et de prolonger notre première conversation qui nous a amenés ici tous les deux.

Finalement, Pen se retire sous la douche tandis que je finis une des bouteilles de champagne que nous avions ramené du spa. Lorsque vient mon tour de me laver, la sonnette de la suite retentit. Mon coeur palpite soudainement. Que faire ? Je débute une course folle vers le dressing lorsque tout à coup, une pensée me revient à l'esprit. Le personnel de l'hôtel sait très bien que je suis ici ! Et de plus à la sortie du spa, l'hôtesse m'a informé que mon costume serait monté par un employé dans la chambre de Pen. Inutile de se cacher donc. "Je suis un invité de Pen, me dis-je pour me rassurer. Je pourrais très bien être un ami ou un cousin de passage à Paris qu'elle invite en tout bien tout honneur à profiter du spa de son hôtel. Et je suis dans sa chambre pour me changer car c'est toujours plus pratique que de le faire au milieu du couloir !".
- Room Service Monsieur. Bonjour.
Le type a mon âge. Plutôt beau gosse. Très élégant dans le costume cintré de l'hôtel. Mais paniqué. Une goutte de sueur ruisselle le long de sa tempe. Il sait qui est la cliente de cette chambre. Le fait de savoir ça me rend plutôt fier de moi. Je bombe le torse pour lui montrer que c'est moi qui sort avec et qu'il a donc intérêt à ne pas me faire chier. Son regard intimidé m'indique qu'il a compris. Je l'observe ouvrir un sac noir à costume, suspendu à un cintre en velours. En le regardant l'ouvrir, visiblement destabilisé, les mains tremblantes, je me dis qu'il avait peut être imaginé qu'il pourrait la draguer en venant ici puisqu'il ne devait pas s'attendre à me voir. Cette pensée m'énerve aussitôt.
- Voici le costume. Il revient tout juste de la teinturerie Monsieur.
- De la teinturerie ?
- Oui Monsieur. Il a été lavé et repassé.
- Ouais, ok. Merci. Je prends le costume, et referme la porte avant que sa main qu'il tend progressivement vers moi ne m'oblige de lui donner un pourboire. "Ca t'apprendra, vieux pervers !".

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