Pourquoi ?

12 janvier 2007

Mardi. 18h. C'est la période des augmentations. En ce qui me concerne, j'ai été justement récompensé de mon travail. Il y a chez nous comme dans beaucoup de multinationales françaises, un taux d'augmentation composé ainsi : un pourcentage lié à l'augmentation du coût de la vie, un autre pour le résultat sur les objectifs du chiffre d'affaires et un dernier dépendant de la qualité du travail effectué. Lorsque Paul est sortie de sa réunion, j'ai immédiatement compris qu'il n'avait pas obtenu ce qu'il espérait. Loin de là. Je le comprends. A son arrivée, on lui a indiqué que son salaire fixe serait le même que celui de chacun de l'équipe à la signature d'un CDI. Qu'on soit arrivé cette année, où il y a cinq ans. Mais pourtant, puisque chaque année le salaire est systématiquement réévalué en fonction du coût de la vie, ne serait-il pas normal que le salaire d'embauche de cette année soit équivalent à celui d'il y a cinq ans auquel il conviendrait d'ajouter les taux du coût de la vie appliqués chaque année depuis cinq ans ? Paul n'aura donc jamais le même salaire (sans tenir compte des augmentations dites "qualitatives") qu'un autre, salarié avant lui. Je n'ai jusqu'alors jamais perçu les choses ainsi. Mais mon cas étant similaire au sien, je suis tout autant dégouté que lui face à ce constat. Bon, mon sentiment est plus nuancé que le sien car je n'oublie pas pour autant la commission que j'ai perçue cette année ! Mais quand même, je dois bien admettre qu'il a raison. D'autant plus quand je pense à cette pétasse de Virginie ! Elle arrivée avant nous. Donc quand nous avons intégré la société, elle percevait déjà bien plus que nous. Si on enlève les augmentations qualitatives, elle perçoit toujours plus ! Pour autant, est-elle meilleure que nous ? Non ! C'est un fait ! Et le fait que je ne puisse pas la blairer n'y change rien ! Pourquoi cette entreprise dévalorise les nouveaux par rapport aux anciens ?

Mais est-ce la seule "injustice" ? Evidemment non ! Les augmentations sont des pourcentages. Et sur quoi sont calculés ces pourcentages ? Les salaires bien surs ! Résultat, à moins de choper une augmentation de 20% minimum - hypothèse totalement irréaliste sauf peut être dans le cas d'un changement de poste et encore - il nous est impossible de la rattraper ! Mais est-elle plus compétente ? Non ! Non ! Non ! Alors pourquoi ne pas donner le même salaire calculé en fonction de l'évolution du coût de la vie à tout le monde ?
C'est comme si un nouveau rmiste percevait aujourd'hui le même montant que celui de la création du RMI en 1988 ! Aujourd'hui autour 440€, il a augmenté de plus de 200% en quatorze ans. Si on suit le raisonnement des multinationales, combien d'années faudrait-il pour que Paul puisse espérer rattraper un jour son retard par rapport à ceux arriver avant lui dans notre équipe ? Bon, bien sur, il est un peu indélicat de comparer ce fait au RMI. Bon bien sur, au moins on a un boulot et un salaire correct.

Mais pourquoi ce genre de situation existe ? Parce qu'il ne faut pas se leurer : En rentrant chez lui, Paul va vomir sur son boulot. Dégouté de se défoncer tous les jours au taf pour se rendre compte qu'au final, il ne pourra jamais rattraper une fumiste comme Virginie. Parce que la société actuelle insiste à chaque instant pour nous rappeler combien le confort est temporaire. Pourquoi sommes nous perpétuellement confronté à la tentation ? A l'envie ? A la création de nouveaux besoins ?
En soit, cela n'est pas réellement un problème. Je suis plutôt content d'avoir envie. Ca motive. Mais alors pourquoi ne peut-on plus acceder à ces nouveaux désirs ? Pourquoi augmentent-ils tellement plus vite que notre capacité à les assouvir ?

Y a-t-il une solution ? Augmenter nos salaires ? Oui, mais ils n'augmentent pas. Ou en tout cas pas dans les mêmes proportions pour la majorité des Français. Les élections peuvent-ils nous permettre de résoudre ce problème ? Mais alors pourquoi, les candidats déclarés sont aussi peu convainquants ? Pourquoi la France est-elle si déprimée ? Pourquoi aucun des candidats en période de promesses arrive à nous faire rêver ?

Pourtant, ils ont plus de moyens de nous sensibiliser que jamais dans l'histoire des élections ! Avec l'avènement du web 2.0, ils arrivent tranquillement à nous toucher (impossible de les rater si vous surfer deux minutes sur le web). Pourquoi alors aucun des candidats n'arrive à me rassurer ? Nous devrions être plus et mieux informés. Ils devraient développer plus profondément leur programme que nous n'avions probablement jamais réellement lu de bout en bout dans l'histoire des élections. Savons nous pour qui voter alors ? Non. Non, je ne sais toujours pas.
Certains bloggeurs tentent bien de nous guider (qu'on peut traduire par "convertir" pour certains d'entre eux). Le résultat ? La toile n'a jamais autant contenu de vannes, de critiques non contructives, de menaces et d'insultes. Mais pourtant... Le web 2.0 n'est-il pas un outil de participation, d'échanges, de réseau, de communauté, de partage ? Le web 2.0 n'est-il pas un loisir ? Mais alors.... Pourquoi y a-t-il autant de trous du cul qui balancent des insultes sur internet ?

Sommes-nous arriver à un stade où la méchanceté gratuite est devenu un loisir ?

Pourquoi, où que nous soyons (devant la télé, la presse, la radio, le web, dans la rue, dans les bars et restaurants) sommes nous aussi moroses ? Pourquoi tous les gens sont insatisfaits de leur salaire, de leur boulot, de la politique, de leur appartement, de leur fringue, de leur voiture, de leur femme, de leurs amis ? Pourquoi la moitié des Français estime qu'il est possible qu'ils deviennent un jour SDF ?