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Sexe, Picole et Rock 'N Roll : Chroniques d'un cadre.
28 avril 2007

Décès...

Samedi. 17h15. Pour l'occasion, j'ai le privilège de porter un costard Armani que l'on m'a gracieusement offert ("on" signifie en réalité... les équipes d'Armani ! Malin le type, avec son astucieuse soirée). Pénélope a pris soin de superviser la mise en oeuvre des travaux : noeud de cravate correct mais trop large pour la tendance hollywoodienne actuelle ; chemise sans aucun pli et parfaitement ajustée ; boutons de manchette en argent et corne noire, assortis à la cravate ; manches de costume réajustées d'un demi-millimètre pour apercevoir mieux encore les boutons de manchettes. C'est bon. Je suis présentable. En tant que cousin français ! Comme ce fut le cas pour chacune de nos apparitions publiques de la semaine. La ruse n'a pas échappé à certains blogeurs qui, selon l'impresario - visiblement très inquiet - de Pénélope, ont commencé à lancer quelques rumeurs.

Ce soir sont attendus Leonardo di Caprio, Beyonce, Naomi Campbell et quelques starlettes locales. Ah ! J'allais l'oublier. Matthew Mc Conaughey est également annoncé. Comment l'oublier ? Plus la soirée approche, plus Pénélope est toute stressée, très nerveuse. Bien qu'elle m'explique qu'elle a peur que les paparazzi lui mettent la pression pour traquer la moindre photo compromettante avec lui, je ne peux m'empêcher de penser qu'elle redoute de le revoir. Qu'elle a peur de sa réaction et de ses sentiments envers lui qui pourraient ressurgir. Qu'elle...
Le portable de Pé vibre sur la coiffeuse. Matthew certainement.
- Penelope's speaking.
Plus un mot. Le monologue de l'interlocuteur est long. Elle écoute. Attentive et concernée. A mesure que les secondes défilent, elle parait de plus de plus abasourdie. Comme si une nouvelle importante lui était annoncée. Elle se lève, se frotte le front, puis le haut du crâne. Comme si elle cherchait une réplique. L'air inquiète, elle tourne en rond et s'écarte. Monica entre alors dans la chambre et me demande de lui donner un coup de main pour fermer sa robe. Presque aussitôt derrière elle, leur frère Eduardo nous rejoint à son tour. Comme par hasard. Et comme par hasard, je n'arrive pas à entendre ce que Penelope dit au téléphone. Je suis convaincu que c'est Matthew. Je suis certain que Monica a fait exprès de détourner mon attention pour que je n'écoute pas sa soeur. Louche. Louche comme Eduardo qui n'a toujours rien dit depuis qu'il a franchi le palier. Il inspecte lui aussi mon costume. Aucun commentaire malgré la moue qui suggère quantité de reproches. Finalement, il me lâche que Menno Meyjes, le réalisateur hollandais du prochain film de Pé - Manolete - a téléphoné. Il aimerait qu'elle retourne une scène (avec Adrien Brody) à cause d'une histoire de post-production. Je dois "absolument" lui dire qu'elle le rappelle "de toute urgence" pour fixer une date. A peine a-t-il quitté la chambre que Penelope raccroche et s'approche de nous. Désemparée.
- Que pasa ? lui demande sa soeur.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Je répète impatiemment.
- It was my agency in Paris.
- Qu'ont-ils dit ? Un problème ?
- Mon impresario... Tu sais, la fille à qui tu avais parlé pour prendre un rendez vous avec moi à Paris.
Maeva !
- Oui ! Qu'est-ce qu'elle a ?
- Rien de grave. Enfin, je crois. Elle... Elle n'a pas été travaillée depuis trois jours. Sa boss m'a dit qu'elle avait fait une déprime. Elle vient juste de l'apprendre et voulait me prévenir au cas où, à cause des Oscars.
- C'est tout ce qu'elle t'a dit ?
- Elle m'a dit que sa grand mère est morte. Et comme elle l'a élevée...

SINCLAIR - "Qu'est-ce qu'on en fait ?"

Je n'écoute plus. Je suis déjà ailleurs. Je revois Maeva et sa grand mère, chez elle. Je les revois rire toutes les deux. Je la revois nous préparer le goûter quand nous avions séché les cours. Je la revois perdue devant son ordinateur, offert par Maeva. Devant l'album photo qu'on remplissait tous les trois. Dans sa cuisine nous confiant ses secrets culinaires. A chaque fois souriante.
Les parents de Maeva ont disparu dans un accident de voiture alors qu'elle n'avait que 8 ans. Sa grand-mère l'a ensuite élevée pendant plus d'un an avant que Maeva et sa sœur ne soient confiées à une famille d'adoption.
N'ayant pu payer l'héritage de son mari, elle n'avait plus d'argent pour s'en occuper. Ancienne mère au foyer, elle ne percevait pas de retraite. C'est donc ses enfants qui subvenaient à ses besoins, jusqu'à leur disparition. Sans argent, elle s'est tout de même battue pendant plus d'un an pour garder les filles avec elle. Mais au bout d'un moment, voyant ses petites-filles malheureuses et mal nourries, elle a du affronter la réalité et faire appel à l'assistance publique. Elle était leur dernier lien biologique avec leurs vrais parents. Les filles étaient donc très proches d'elle. Mais Maeva et la grand-mère étaient terriblement plus complices. Elles s'aimaient comme mère et fille. Comme deux jeunes amoureux.

- ...au point qu'elle s'est rendue chez elle. Mais elle n'y était pas. C'est finalement une amie de Maeva qui a téléphoné à cette collègue pour lui expliquer qu'elle était enfermée depuis 3 jours chez sa grand mère. Tellement désemparée et seule qu'elle n'a rien préparé pour l'enterrement.
- Bouuu ! C'est glauque, balance Monica.
- Elle n'aurait pas mangé, ni bu depuis trois jours ! Sa boss m'a même dit que finalement sa collègue dont elle est proche avait été lui rendre visite. Il n'y avait pas un bruit dans l'appartement. Elle n'a pas pu rentrer malgré qu'elle ait tapé sur la porte et crié de nombreuses fois.
- C'est dingue ! poursuit Monica horrifiée.
- Attendez : il y avait une odeur putride qui émanait de l'appartement de la grand mère. A tel point qu'elle s'est demandé si la grand mère n'était pas encore étendue morte dedans ! C'est fou ! Cette fille si fantastique - surement la meilleure impresario que je connaisse - ne peut pas être tombée si bas. Ca me fait tellement de peine. Elle est si gentille. Si prévenante.
- Je comprends, poursuit Monica en caressant d'un geste attentionné, le bras de sa soeur.
- Je... Je pense que je vais aller la voir.
- Tu ne crois pas qu'il vaut mieux la laisser avec sa famille et ses amis ?
- Tu ne comprends pas Monica. Elle m'a dit qu'elle n'avait même pas voulu parler à sa soeur ! Et ses amis n'arrivent pas à la voir. Elle s'est renfermée chez elle.
- Tu penses que la grand mère est toujours...

Je quitte la pièce pour récupérer l'iPhone. "Fabienne ! Il faut que j'appelle Fabienne ! "

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